Je ne peux résister a vous faire le partage, bonne lecture

Publié le par Au Boulot les P'tits Doigts de maya

Un homme sain sur une terre saine
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Agro-écologiste et philosophe, Pierre Rabhi ne cesse de défendre une approche plus humaine de l’agriculture et de la société. Essayiste et fondateur de nombreux mouvements citoyens – dont Colibris – il ne peut envisager la santé sans une terre saine et respectée, avec un maître mot : la cohérence. Ce que nous mangeons est essentiel dans le maintien d’une bonne santé. Pour la première fois ici, Pierre Rabhi donne également un aperçu des solutions de santé de la famille Rabhi.

Ce qui frappe lorsque l’on rencontre Pierre Rabhi pour la première fois, c’est l’apparente fragilité de son physique et la puissance de sa pensée, de sa vision. Mais quelle puissance !
Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Après avoir quitté son Algérie natale et entamé une vie d’ouvrier, il réalise un retour à la terre en Ardèche et devient agriculteur. C’est là qu’il invente l’agro-écologie, une façon naturelle de travailler et de respecter la terre en se centrant sur l’essentiel. Il est convaincu que l’agro-écologie peut redonner l’autonomie alimentaire aux plus démunis tout en sauvegardant leur patrimoine nourricier. L’expérience pratique de cette nouvelle façon de vivre le pousse à la réflexion, à l’écriture. Devant l'échec de la condition générale de l'humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, Pierre Rabhi incite à sortir du mythe de la croissance sans limite. Inlassablement, il appelle à réaliser l'importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une « sobriété heureuse », point central de sa philosophie.
Dans cette vision unitaire et humaniste, il est évident que la santé naturelle a toute sa place, mais rarement Pierre Rabhi s’est exprimé sur le sujet. Pour Rebelle-Santé, il accepte de nous donner sa vision de la santé : un équilibre tout en cohérence et en reliance, tant avec la terre qu’avec nos pairs.

Christophe Guyon : Quel lien existe-t-il entre la terre et la santé de l'Homme ?
Pierre Rabhi : Il y a des pathologies qui s'imposent à nous malgré nous, dues à des facteurs que nous ne maîtrisons pas, mais il y a des pathologies qui sont issues de nos transgressions, de nos propres pratiques. Dans le monde moderne, on est dans l'immense transgression. On a fait entrer dans le processus de l'alimentation et de l'autosuffisance alimentaire des substances terriblement toxiques. Ces substances toxiques se sont mêlées petit à petit aux pratiques agricoles et nous sommes en train d’empoisonner la terre qui est un organisme vivant à part entière. On ne mesure pas l'imbécillité de faire rentrer du poison dans le système qui nous permet de vivre.
Quand certaines cultures parlent de la terre mère, ce n'est pas une métaphore, c'est vraiment la terre qui nous nourrit, qu'on le veuille ou non. Si la terre meurt, nous mourrons.

On détruit le paysan qui a fonctionné depuis longtemps sur un rapport à la terre avec des structures en polyculture. Une vraie ferme, c’est un petit écosystème où l’on trouve aussi bien les animaux, les végétaux, où l'être humain gère toutes les potentialités que lui donne la vie. Il est un peu un prince, un chef d'orchestre. Un bon paysan, c'est quelqu’un qui organise un milieu d'une façon merveilleuse. Les éléments qui constituent ce milieu sont tous des éléments reliés. Ils sont dans une cohésion et produisent une cohérence. Voilà le génie extraordinaire vers lequel peut tendre l'humain. On a détruit tout cela. On a fabriqué des agronomes prescripteurs de même qu'on a spécialisé les médecins pour en faire des médecins prescripteurs, et on est allé vers l'obsession productiviste en laissant de côté le bon sens et, avec lui, la santé.

Et le résultat c’est, aujourd’hui, une médecine bien fragmentée, comme l’agriculture…
P. R. : Les médecins abordent l'être humain de façon aussi fragmentée qu'un moteur, avec une prolifération de spécialistes. Chacun s'occupe d'une composante du corps humain, ce qui est en contradiction avec la vision globale et intelligente des médecines anciennes et traditionnelles. Consciemment ou inconsciemment, les médecins ont été façonnés par la pétrochimie internationale, qui fournit les laboratoires pharmaceutiques. Ces médecins prescripteurs sont en fait devenus les agents de propagation d'un système qui nourrit les intérêts de la pétrochimie internationale.

Est-ce que la logique de la maladie n’est pas déjà dans la terre ?
P. R. : Là, on est au cœur de ce qui détermine les problèmes de santé. Quand une terre est vivante, c'est une immense masse complexe dans laquelle travaillent des micro-organismes très variés. C'est un « estomac » qui n'arrête pas de transformer, de sublimer. Et tout cela produit des substances nobles, des oligo-éléments et toutes sortes d'éléments utiles qui font partie de la logique de la vie et qui sont indispensables à la vie. Si l’on met des engrais chimiques, on casse tout cela. Les engrais chimiques sont des substances que la plante absorbe malgré elle et en trop grosse quantité. Il se produit alors un phénomène de chélation, c’est-à-dire que tous les oligo-éléments ne passent plus. La plante se gorge de ces substances chimiques parce qu'elles ont été rendues solubles et dès qu'elles sont à proximité de ses racines, la plante ne peut faire autrement que de les absorber. Ces substances violent la plante qui ne peut s'en défendre. Alors elle n'a plus l'espace pour absorber les micro-éléments dans leur subtilité, dans leur organisation, dans leur cohérence... Elle se retrouve donc terriblement carencée. Étant carencée, la plante est malade, étant malade on va chercher des pesticides pour lutter contre le ravageur, mais le ravageur, c'est quoi ? C'est le flic de la nature. Le ravageur, ce n'est pas l'ennemi, il arrive là en disant « Toi tu ne dois pas vivre, toi il faut que tu disparaisses car si tu te reproduis tu vas affaiblir le système génétique ». Mais on fait de l'acharnement thérapeutique sur la plante. On maintient quand même sa vitalité et voilà une nourriture qui est carencée. On avale cette nourriture qui est carencée et après, physiologiquement, on se retrouve avec des problèmes de santé.

Aujourd’hui, quand on se met à table, plutôt que de se souhaiter « Bon appétit » il faut se souhaiter « Bonne chance » parce qu'on ingurgite une nourriture qui est censée nous nourrir mais qui, en fait, nous détruit.

Hormis la nourriture, quelles sont, d'après vous, les éléments essentiels influant sur la santé ?
P. R. : Je crois que la pathologie n'est pas due seulement à un système mécaniste, comme le fait de se nourrir. Bien sûr, la nourriture frelatée n'est pas bonne, et la qualité de l'eau, qui nous compose à plus de 80 %, est essentielle à la santé. L'eau polluée entre en jeu dans ce qui crée les maladies. Et puis il y a des maladies qui sont déclenchées par des situations psychologiques ou émotionnelles très violentes. La survenue de la maladie n’est pas simplement liée à ce que nous mangeons.

Il y a aussi la façon de manger, la conscience qu'on y met, le fait de manger en bonne compagnie...
P. R. : C'est très important la convivialité. Spontanément, l'être humain a toujours vécu en groupe social et l'alimentation devient parfois l'élément festif même, le plaisir de partager. Je peux me mettre dans mon coin et remplir mon corps et cela n'a rien à voir avec le fait de le faire en bonne compagnie. Ce n'est pas pour rien que la nourriture devient l'élément central de la jubilation commune. C'est pour cela aussi qu'avant de se mettre à manger, il y a des remerciements, des gratitudes, et aujourd'hui on ne fait que se remplir. On se remplit de bio, mais on se remplit ! Quand nous nous rassemblons autour d'une table, au-delà de nos corps, ce sont nos âmes aussi qui sont ensemble, ce sont nos cœurs qui sont ensemble et tout cela participe d'une nourriture saine. Cela fait appel à la strate spirituelle en mettant de l'esprit et de la spiritualité dans les matières qui entretiennent notre vie biologique.

Quelles sont vos solutions de santé, naturelles j’imagine ?
P. R. : Oui, mais il ne faut pas reléguer tout ce que la recherche scientifique moderne a mis au point. Mon propre fils a eu une espèce d'accident microbien très grave, ce sont quand même les antibiotiques qui l'ont tiré d'affaire, mais il y avait un état d'urgence. La santé doit se faire surtout sur la prévention. Cela veut dire maintenir mon corps en bon état, maintenir ma psyché en bon état et pour nous la maladie est une information. Si nous sommes attentifs à elle, la maladie a quelque chose à nous dire. Elle nous apprend que quelque chose ne va pas. C'est un signal qui nous dit qu'il y a un problème à résoudre, ce n'est pas une agression pour laquelle il faut courir chez le pharmacien et ingurgiter des médicaments. Pour nous en famille, avec sept âmes : le père, la mère et les cinq enfants, nous avons adopté depuis très longtemps un mode de prévention : la bonne nourriture et, en cas de maladie, ne pas trop se précipiter pour la soigner, car il faut laisser le corps mettre en route ses propres réactions. C'est extraordinairement intelligent un corps humain, il a des stratagèmes puissants : alerte générale, mobilisation générale, ce n'est pas le moment de manger, on n'a plus faim parce que le corps se mobilise pour résoudre le problème urgent.

Donc, d’abord on ne se précipite pas et on prend en compte le symptôme. Ensuite, nous sommes de grands adeptes du magnésium, particulièrement le chlorure de magnésium parce qu’il résout un certain nombre de problèmes importants, également le silicium et différentes tisanes.
On utilise ce qui vient directement de la nature pour ses aspects de guérison et de prévention et, en même temps, on a recours à des produits pharmaceutiques quand ils s'avèrent indispensables. Nous avons toujours fonctionné comme ça. Les bains de siège aussi, c'est formidable, ça fait descendre toutes les toxines. Et puis, nous favorisons aussi la diététique et le jeûne. Je suis plutôt pour des jeûnes courts, pour laisser un peu le corps souffler. Au niveau familial, on a toujours pratiqué ça et on ne peut pas dire qu'on a ruiné la sécurité sociale. (rires…)

Plus d’info :
www.colibris-lemouvement.org
www.terre-humanisme.org
www.oasisentouslieux.org
www.appel-consciences.info

Article paru dans le : 
Rebelle-Santé N° 154
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